168. Drôle de pays
Lundi le 16 mars 2009
Le camion de vidanges s’est pointé à 4h30 ce matin. Le conteneur, situé stratégiquement juste en face de notre motorisé, s’est fait brasser comme un anorexique qui opère un jack-drill. Puis vers 6h00, ce fut au tour du camion de recyclage. Une petite nuit tranquille quoi. Ce matin, rendez-vous avec Lyne et Gilles au terrain de golf Jacaranda. Le club situé à Plantation, est un des plus populaires auprès des québécois. Autour de nous, tout se passe en français. La qualité du parcours impressionne et nos amis se débrouillent assez bien considérant qu’ils n’ont pas touché à leurs bâtons depuis septembre. La température chaude s’accompagne heureusement d’un léger vent rafraichissant. On est allé faire le plein de propane tantôt. L’endroit offre un service à l’auto pour vos achats au dépanneur. Plus besoin de quitter le confort de votre bazou pour acheter votre caisse de bière, vos cigarettes ou même votre journal. Au pays de l’Oncle Sam, on peut maintenant se faire servir au volant au restaurant, à la banque, à la pharmacie, au dépanneur et j’en oublie probablement. Et ils se demandent pourquoi la population fait face à un problème d’obésité. On a soupé en agréable compagnie avec Lyne, Gilles, et un couple de leurs amis fraîchement débarqués, Louise et Serge. En revenant au terrain de camping, on s’arrête au Publix pour acheter un litre de lait. Un gardien de sécurité armé se tient au garde-à-vous près des caisses. On ignore si on doit considérer la scène comme rassurante ou non. En apercevant le couple devant nous, on comprend mieux. Lui porte une ancienne camisole de batteur de femmes. Le vêtement qui a jadis été blanc, arbore aujourd’hui une teinte beige mais pas partout. De plus le tissu est agrémenté de la couleur des aliments qui ont probablement composé son souper. Tatoué du bout des doigts jusqu’aux épaules, son sourire arbore une dent à la demi-heure. Sa conjointe, de toute évidence, ne possède pas non plus de miroir. Elle aussi porte la camisole Stanfield mais celle-ci a la particularité de ne couvrir que la poitrine et le premier pli de graisse sous les seins. La bedaine de madame et ici je ne parle pas d’un ventre mais bien d’une véritable bedaine se pavane à l’air libre. Quant à ses cheveux, on dirait qu’un oiseau y a abandonné son nid. Retenez-moi quelqu’un ! Le bougre nous rappelle un type éméché qui, dans une file d’attente il y a plusieurs années avait éternué sur la nuque d’Aline. Elle en a encore des frissons aujourd’hui. Heureusement cette fois, les suspects sont devant nous et on se méfie.
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